Gamine du Queens un peu cabossée qui n’a jamais vraiment su rentrer dans le cadre, Cindy Lauper déboule sur la scène pop en 1983, avec dans son sac à main, quatre octaves exubérantes, et son interprétation toute personnelle et tout à fait déconcertante du bon goût vestimentaire. Un vestiaire comme une apocalypse sartoriale, blindé de silhouettes désaxées cartoonesques faussement frivoles. Une syntaxe stylistique absurde, comme élaborée par une modeuse joyeusement dyslexique, et un charisme fripon sublime – mais difficilement transposable dans la file d’attente du bureau de poste, on vous l’accorde – aux antipodes des stéréotypes féminins désincarnés de l’époque : poupées mutiques décoratives aux corps – déjà ! – calibrés par et pour les mâles libidineux.

Une philosophie de la sape sarcastique, voire militante, à des années lumières de ces exhibitions de charmes insécurisants. Cindy Lauper devient instantanément la copine foutraque et salvatrice de toute une génération de jeunes filles pas franchement immunisées face aux affres du sébum. La petite a du tempérament, et ce premier album – masterisé ici sur le système de renommée internationale de Mobile Fidelity et pressé à RTI – est à son image, un hybride injecté d’une bonne dose de gimmicks punk inoffensifs et d’un féminisme salutaire rendu digeste au plus grand nombre par des tubes infectieux – Girl Just Wanna Have Fun, She Bop – et une voix réellement prodigieuse – Time After Time. Lauper y défini mine de rien les codes d’une nouvelle féminité cool et alternative, engagée sans enrager, et s’intronise phénomène pop eighties au passage.

-★- TRACKLIST -★-

1. Money Changes Everything
2. Girls Just Want to Have Fun
3. When You Were Mine
4. Time After Time
5. She Bop
6. All Through the Night
7. Witness
8. I’ll Kiss You
9. He’s So Unusual
10. Yeah Yeah