Au moment d’enregistrer leur quatrième album, les gars de Van Halen font officiellement partie de la royauté du hard rock. Et pourtant, les choses sont loins de baigner dans l’huile pour ces monarques aux coupes mulets dévergondées. La bataille des egos fait rage entre le guitariste âme du groupe et son frontman truculent. Eddie Van Halen semble plutôt enclin à assurer son futur en prospérant sur son aura de dieu de la gratte, avec des créations plus commerciales et accessibles. Pour Lee Roth, pas question de jouer les papys rentiers du rock, lui veut continuer à éructer comme un possédé sur des titres toujours plus fous. Et tant pis s’il faut rogner sur les royalties. En bref, il va falloir faire des compromis. Eddie concède à son meilleur ennemi quelques accents disco funk par-ici – Push Comes To Shove – un délire électro-punk par là – One Foot Out The Door – mais confère à l’album ce hard rock bien balancé et remuant dont il a le secret. Les tensions intra relationnelles sont palpables, riffs et sentiments sont rustres et exacerbés – Mean Street, Unchained – et on serait presque en droit de se demander à qui s’adresse ce « Fair Warning », ultimatum pré-main en travers de la tronche envoyé l’un à l’autre, ou gentil avertissement à l’auditeur avant lâchage du déluge big rock? Quoi qu’il en soit, VH renoue ici avec l’intensité punk de ses premières années, toujours arrosée d’une agilité instrumentale cosmique dont les sales mômes no future aux piercings nécrosés ne pouvaient que rêver. Van Halen n’est pas près de nous engluer les écoutilles avec un slow dégoulinant d’auto congratulation technique, tout en soli ronflants à côté de la plaque et romantisme hypocrite, comme il est de bon ton de pondre à cette époque pour tout groupe de hard rock en expédition pour le sommet des charts. Eux préfèrent continuer à affoler les hormones – Dirty Movies -, à provoquer des tachycardies – Sinners Swing – et quand « romantisme » il y a, forcément cynique et libidineux il sera : So This is Love?. Avec Fair Warning, le quatuor se fait un malin plaisir de rester bien énervé, et de jouer, dans tous les sens du terme. Et franchement, qui oserait s’en plaindre?

Masterisé à partir des bandes analogiques originales, le SACD Mobile Fidelity de Fair Warning est une vraie petite bombe (V)H audiophile. Vous êtes prévenus, l’offensive hard rock est lancée. 

-★- TRACKLIST -★-

1. Mean Street
2. Dirty Movies
3. Sinners Swing!
4. Hear About It Later
5. Unchained
6. Push Comes to Shove
7. So This Is Love?
8. Sunday Afternoon in the Park
9. One Foot Out the Door