Plus aucun doute, avec 1984, Van Halen entre sans scrupules dans les eighties fun, tapageuses et un brin factices. Eddie Van H., guitar hero en chef, s’est payé un studio d’enregistrement perso, et un nouveau joujou à clavier, qu’il teste avec l’hyperthymie d’un aliéné en cavale. Le groupe a toujours joué de son appartenance assumée à la communauté des félés – Eddie a d’ailleurs nommé son studio 5150, le code d’urgence psychiatrique pour faire interner une personne contre sa volonté – et franchement, lors de la sortie de 1984, nombre de fans de la première heure ont cru à un vrillage du casque en bonne et due forme. À l’époque, l’album devenu blockbuster et ses 33 minutes expéditives firent avaler leur binouze de travers à pas mal de rigoristes du rock bourru. Les vandales de Van Halen inventent carrément la pop métal, imaginez donc! Sacrilège ultime pour les rockers sectaires au cuir chevelu poisseux, qui vécurent la nouvelle tocade synthétique d’Eddie Van Halen, leur archange de la gratte, comme une trahison impardonnable. N’empêche, il faut bien l’avouer, ce hard rock aromatisé à la pop de synthèse fonctionne du feu de dieu. Que les réfractaires du clavier se rassurent cela dit, les bons vieux riffs des débuts sont toujours là, les cancres de Van Halen savent toujours s’éclater « à l’ancienne » et ça s’entend – cf. Hot For The Teacher et sa batterie en mode cavalcade. Mais Jump, hymne pyrotechnique et galvanisant saturé de synthé, tube taillé au laser pour réveiller les comateux, propulse le groupe dans l’inconscient collectif, et lui assure un monopole agressif des diffusions MTV pendant un bon moment. Et tant pis si ça dérange les pisse-froids du rock.

Le SACD Mobile Fidelity de 1984, masterisé à partir des bandes originales, se fera un plaisir de vous secouer les puces jusqu’à la limite du trauma crânien. Bonne écoute…

-★- TRACKLIST -★-

1. 1984
2. Jump
3. Panama
4. Top Jimmy
5. Drop Dead Legs
6. Hot for Teacher
7. I’ll Wait
8. Girl Gone Bad
9. House of Pain