Simon & Garfunkel – Bookends (1xLP 180 g. SuperVinyl – 33 RPM)

Un album conceptuel, un moment déterminant pour leur carrière, une création qui défie l’industrie, une poursuite de la perfection pendant des années : Bookends de Simon and Garfunkel répond à toutes ces descriptions et plus encore, le disque étant à la fois un témoignage essentiel de la fin des années 1960 et une réflexion saillante sur les relations, l’identité, la société et la mortalité, dont la pertinence durable atteste de son mérite extraordinaire. Classé par d’innombrables instances comme l’un des plus grands disques de tous les temps, l’œuvre de 1968 transcende les styles, les tendances et les générations.

Masterisé sur le système renommé de MoFi au studio californien du label, pressé chez Fidelity Record Pressing et strictement limité à 4 000 exemplaires numérotés, le LP SuperVinyl 180g 33RPM de Mobile Fidelity présente cette œuvre intemporelle du duo dans un son de qualité supérieure, et magnifie l’éclat des sessions d’enregistrement originales – tirées de la copie analogique 1/4 pouce / 15 IPS au DSD 256 à la console analogique au tour. Bénéficiant des propriétés inhérentes au SuperVinyl – un plancher de bruit presque inaudible, une superbe définition des sillons, des surfaces silencieuses – cette réédition collector magnifie l’éclat des longues sessions de production qui se sont déroulées pendant 18 mois dans l’emblématique studio de la 52e rue de Columbia.

Simon lui-même a déclaré que Bookends était l’album de Simon & Garfunkel qui avait le mieux exploité les ressources du studio. Cette observation est d’autant plus vraie sur cette version audiophile. L’épanouissement et la décroissance naturelle des notes, le poids et l’impact des basses fréquences, la luxuriance, le souffle et l’air des harmonies omniprésentes, la séparation et l’image des instruments à bois, des cordes et des cuivres, les timbres et le réalisme des voix de Simon – ces caractéristiques critiques et bien d’autres encore sont rendues avec une précision, un détail et une présence remarquables.

Et c’est exactement ce que Simon, Garfunkel et le producteur Roy Halee avaient l’intention de faire en consacrant jusqu’à 50 heures à la réalisation d’un seul morceau. Envisagé dès le départ par Simon comme un moyen de capturer l’air du temps, et inspiré par les grandes lignes de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles et Blonde on Blonde de Bob Dylan, Bookends associe son charme sonore – et ses divers arrangements qui incorporent des éléments folk, rock, jazz, pop et baroques – avec des paroles saisissantes qui traitent d’agitation, d’incertitude, d’aliénation, d’amour et d’héritage.

La première moitié de Bookends retrace le cycle de la vie du début à la fin, les dernières paroles de « Bookends Theme » – un appel à « préserver vos souvenirs/ils sont tout ce qui vous reste » – faisant écho au thème général et récurrent de l’album. Avant que le duo n’en arrive à ce conseil, Simon & Garfunkel utilisent l’ironie ( « Save the Life of My Child »), la métaphore (« America »), la suggestion (« Overs »), les enregistrements de terrain (« Voices of Old People ») et la description imagée (« Old Friends ») pour couvrir tous les sujets, de la perte de l’innocence à l’hypocrisie institutionnelle, en passant par les craintes de la solitude.

Sorti dans un climat politique et culturel tumultueux, Bookends conserve une portée et une pertinence énormes plus de cinq décennies plus tard, dans un XXIe siècle confronté à de nombreux problèmes identiques. Ses thèmes centraux – la recherche d’un sens et d’une identité, la gestion de la perte et de la déception, le fossé entre authentique et ersatz, la réconciliation avec ce que l’on sacrifie au cours d’une vie, la confrontation avec les étapes de la vie qui impliquent tristesse, perplexité et déception – sont des sujets de préoccupation universels. Et l’« Amérique » que Simon et Garfunkel recherchent reste plus insaisissable que jamais.

Il en va de même pour notre désir collectif de trouver un héros durable ( « Mrs. Robinson »), notre tendance à l’affectation (« Fakin’ It ») et notre propension à nous insérer dans des situations fantaisistes (« Punky’s Dilemma »), en particulier lorsque nous avons besoin d’une échappatoire. Bien que les chansons de la seconde moitié de l’album n’aient pas été conçues dans le cadre d’une narration unifiée, elles parlent un langage apparenté, imprégné de désillusion, d’anxiété et de doute. C’est le cas notamment de la chanson aux tons sombres « A Hazy Shade of Winter ».

« Simplement prétendre », chante Simon, « que l’on peut reconstruire [les espoirs] », tout en sachant pertinemment qu’il n’y croit pas lui-même. Comme peu d’albums avant ou après, Bookends expose la condition humaine de l’intérieur vers l’extérieur, dans un environnement qui n’est pas ce qu’il semble être – ou ce que nous recherchions à l’origine.