Run DMC – Raising Hell (180 g. – 33 RPM – SuperVinyl)

Le triptyque bigarré RUN-DMC nous envoie avec Raising Hell toute la verve sulfurique hip hop en pleine tête. Avec quelque chose comme trois années lumières d’avance sur leurs contemporains, les trois gamins du Queens pressentent le potentiel mainstream du mouvement, encore à sa version bêta, et sortent leur flow virtuose des milieux interlopes, provoquant des spasmes d’excitation jusque dans les bureaux du robinet à clips MTV.

Cet album supersonique, séminal du genre – initiatique pour toute une génération de sales gosses au profond sentiment d’arnaque astrale – a su rabattre le caquet des persifleurs qui ont accueilli la révolution hip hop comme l’antéchrist, clamant à qui voulait entendre que le mouvement n’était qu’un feu de paille. 35 ans plus tard, les hymnes volubiles du groupe ayant envahi BO de films et spots de pubs en tout genre, votre mamie serait sans doute capable de rapper sur It’s Tricky avec une attitude phénoménale. Dont acte.

Cette réédition de l’album, tirée des enregistrements originaux – du master analogique 1/2″ / 30 IPS vers DSD 256 – et gravée selon le protocole audiophile exigeant de Mofi, met parfaitement en exergue tous ces petits détails – riffs borderline hard rock, scratchs et alchimie démente des interprètes – qui ont fait de cette pépite inventive le marqueur de l’age d’or du hip hop.
Dès les premières secondes de Peter Piper, samples bien sentis annoncent la couleur : ces mômes là ont décidé de virer les scénaristes médiocres de leur existence et de traîner avec flamboyance leur dégaine déglinguée – mi sportswear mi clinquante – dans votre salon. It’s Tricky, resucée au vitriol géniale d’un My Sharona des Knack croisé au Hey Mickey de Toni Basil, pose les bases d’une recette ultra efficace qui fera le succès du groupe. Après tout, qui connaît la version originale de Walk This Way ? Exactement.
Mais c’est My Adidas qui explosera les compteurs niveau émulation. Avec cet ode tonitruant à la marque aux trois bandes, RUN-DMC définie le look hip hop et un code sartorial qui sera suivi à la lettre par une vaste caste de rejetons au tropisme assumé pour les sneakers.

En bref, un album révolutionnaire fun comme un tour de parking en low rider, à l’influence musicale et culturelle immense, toujours ostensiblement quantifiable plus de trois décennies après sa conception.

-★- TRACKLIST -★-

1. Peter Piper
2. It’s Tricky
3. My Adidas
4. Walk This Way
5. Is It Live
6. Perfection
7. Hit It Run
8. Raising Hell
9. You Be Illin’
10. Dumb Girl
11. Son of Byford
12. Proud to Be Black