Rick James – Street Songs – 180 g. 45RPM – 2LP

Le « punk funk » était un concept relativement inconnu avant 1981. Mais lorsque Street Songs a pris d’assaut les charts cette année-là, le monde entier a rapidement découvert ce qui est devenu le style caractéristique de Rick James. Comme son nom l’indique, Street Songs mêle une sexualité assumée, une attitude effrontée et des réflexions audacieuses sur fond d’arrangements R&B contagieux qui visent à la fois les hanches, la tête et diverses régions inférieures du corps humain. Et ça sonne drôlement bien.

Issu des bandes originales – du master analogique 1/4’’ / 30 IPS au DSD 256, à la console analogique, au tour – strictement limité à 4 000 exemplaires numérotés et pressé chez Fidelity Record Pressing, le coffret 2LP 45RPM 180g Mobile Fidelity de Street Songs présente pour la première fois le disque de James, certifié platine, en qualité audiophile. Cette édition collector de l’album, resté 20 semaines à la première place du classement des albums R&B, vous rapproche d’une musique qui vous invite à transformer votre espace de vie en piste de danse.

D’un autre côté, vous serez probablement tellement impressionné par la précision et la présence de ses lignes de basse et de ses rythmes brulants que vous resterez peut-être cloué à votre siège. Sur ce pressage, la mise en scène sonore, l’imagerie et l’énergie de Street Songs atteignent de nouveaux sommets. Tout, de la sensation capiteuse des riffs de guitare à la profondeur de la voix de James, en passant par l’échelle des cuivres, émerge comme si Rick James et son équipe de musiciens s’étaient installés dans votre salon.

Ce natif de Buffalo et son groupe ne perdent pas de temps pour faire passer leur message. Sur « Give It to Me Baby », qui ouvre l’album, James et ses acolytes proposent un mélange de funk élégant et de disco palpitant qui allume les lumières de la discothèque du coin, et stimule la libido de tous ceux qui se trouvent à portée d’oreille. Cette chanson, qui a atteint la première place du palmarès Billboard Hot Soul, est pur érotisme – et n’est qu’un des nombreux délices sensuels d’un disque qui embrasse le sujet avec autant d’intrépidité que James le fait dans son intimité.

La plus célèbre des exactions sulfureuses de James, l’indémodable « Super Freak », a atteint la première place des charts Hot Dance Club Play, la seizième place du Hot 100 et, plus tard, la 153e place de la liste des 500 meilleures chansons de tous les temps établie par Rolling Stone. Soutenu par un clavier chevrotant et des riffs électro, ce morceau très largement samplé depuis s’insinue dans vos muscles, avec ses sujets qui prêtent à sourire, ses voix fluides, ses rythmes véloces, un solo de ténor-saxophone endiablé et des chœurs exécutés par les Temptations.

Le groupe emblématique de la Motown n’est pas le seul artiste invité sur Street Songs, album nommé aux Grammy Awards. Stevie Wonder, alors compagnon de label de James, prête son harmonica au récit sociopolitique de « Mr. Policeman », une chanson de protestation qui parvient également à swinguer grâce à un orgue frémissant, des accents de cuivres stupéfiants et une performance vocale grinçante de James. En plus de ses chœurs sur plusieurs morceaux, Teena Marie signe l’un des moments forts de l’album avec « Fire and Desire », un duo romantique à l’ancienne avec James qui impressionne par sa douceur, sa sensibilité et son côté feutré.

Ses collègues les plus en vue mis à part, James reste la star incontestée, un personnage aux vêtements de cuir et de latex, aux cheveux tressés et au sens de la dégaine innée qui lui ont valu l’incompréhension du grand public et l’admiration des connaisseurs, qui ont vu en lui un véritable original. En témoignage de son magnétisme et de son talent, son charisme et sa sincérité semblent transparaître à travers chaque note, que ce soit sur la ballade osée « Make Love to Me » ou sur la persuasion stridente de « Call Me Up ». 

Sur la conclusion « Below the Funk (Pass the J) », un récit autobiographique rythmé qui aborde le deuxième amour du musicien visionnaire, le chanteur évoque son éducation et son lien indissociable avec ses racines – un hommage à ses débuts et un clin d’œil à ce qu’il est devenu.