Miles Davis – Dark Magus : Live at Carnegie Hall – 180 g. 33RPM – 2LP

On peut supposer qu’aucun membre du public présent au Carnegie Hall le 30 mars 1974 n’avait anticipé ce que Miles Davis allait jouer lors du concert documenté sur «Dark Magus: Live at Carnegie Hall». Enregistré vers la fin de sa période électrique, cet album double demeure la déclaration la plus sombre et la plus féroce de la carrière de Davis — un effort visionnaire qui a anticipé les évolutions de la jungle, du noise-rock, du funk et du drum ‘n’ bass.

Initialement publié au Japon en 1977, «Dark Magus» a dû attendre deux décennies avant sa sortie aux États-Unis. Aujourd’hui, plus de 50 ans après que Davis et son ensemble aient époustouflé le public du célèbre Carnegie Hall, l’album bénéficie enfin de sa première édition domestique en vinyle — et sur un pressage à la sonorité définitive.

Masterisé dans le studio de Mobile Fidelity en Californie, logé dans une pochette gatefold Stoughton, et pressé chez Fidelity Record Pressing, cette édition numérotée en 180 g et 33 tours/minute en double LP de «Dark Magus» vous invite à prendre place et à vous imprégner d’une performance exaltante qui fonctionne à la fois comme une audition, une expérience, une libération et une explosion magnifique de fusion jazz-rock. Nous espérons que votre platine et vos enceintes sauront relever le défi.

Cette réédition collectible présente la magie improvisée qui s’est déroulée sur scène — les tonalités stridentes, le vacarme du wah-wah, les effets acidulés, la batterie furieuse, les grooves hypnotiques, les riffs menaçants, les cymbales fracassantes — avec un incroyable détail, une palette sonore riche et un rythme soutenu. Elle capture également l’énergie incroyable du groupe, restituant les instruments et les changements improvisés avec une profondeur, une définition et une dynamique révélatrices. Au cœur de cette édition audiophile MoFi, vous êtes plongé plus profondément que jamais dans le mystère sans limites, la promesse et l’incertitude des efforts de Davis et de ses compagnons.

L’histoire de *Dark Magus* est presque aussi incroyable que les compositions improvisées qui ont émergé lorsque Davis rassembla le batteur Al Foster, le bassiste Michael Henderson, le percussionniste James Mtume, le virtuose des cuivres Dave Liebman, et les guitaristes Pete Cosey et Reggie Lucas, puis, dans un nouveau retournement pour la deuxième moitié du concert, ajouta le guitariste Dominique Gaumont et le saxophoniste ténor Azar Lawrence à l’ensemble. Le fait que ces deux derniers instrumentistes ne se soient jamais rencontrés avant cette nuit-là ajoute à la légende de Davis — et à son penchant pour des choix audacieux et non conventionnels.

Il en va de même pour les actions de Davis ce soir-là, qui, selon les rapports, comprenaient une arrivée en retard d’une heure et une entrée sur scène dos au public. La stratégie a fonctionné. Davis inspira le groupe à jouer de manière audacieuse, d’une façon que peu, voire personne, n’avait entendue auparavant. «Dark Magus» est une véritable bonanza rythmique. Ancrés dans des techniques afro-centristes, des sensibilités avant-gardistes et des ambiances exploratoires, les morceaux rejettent les arrangements fixes et les solos, et, pour la plupart, les dispositifs mélodiques.

Pour Davis, «Dark Magus» représentait un triomphe personnel au milieu d’une période marquée par des problèmes de santé, des addictions et un déclin critique. Ce dernier serait corrigé, mais seulement des décennies plus tard, lorsque «Dark Magus» fut enfin publié aux États-Unis en 1997 via une réédition CD. Bien sûr, les motifs libres, les passages imprévisibles, les structures denses et le blues déformé qui parcourent les morceaux — intitulés d’après des chiffres swahilis — ne sont pas pour tout le monde. Et certainement pas pour les âmes sensibles. Bien que «Dark Magus» contienne des moments majestueux marqués par une retenue calme et un certain lyrisme, sa concoction riche et radicale de coups torturés, de bruits, de claquements, de hurlements, de bips, de gargouillis, de pas et de rythmes énigmatiques reste son cœur et son âme aventureux.

Primitif et énigmatique, féroce et anguleux, puissant et révolutionnaire, secouant et terrifiant, «Dark Magus» semble attaquer de toutes parts. Mettez-le fort et laissez la brillance prophétique de cet album inimitable et implacablement funky vous envahir.

1. Dark Magus — Moja
2. Dark Magus — Wili
3. Dark Magus — Tatu
4. Dark Magus — Nne