Santana – Lotus (180 g. vinyle – 3LP 33 RPM)

L’héritage étrange de «Lotus» transcende son statut à la fois de document scénique définitif de la carrière de Santana et de l’un des albums live les plus spectaculaires jamais publiés. Sorti initialement en 1974, ce triple LP capture des performances électrisantes enregistrées lors de deux concerts au début de juillet 1973 dans la salle de 2 400 places de l’Osaka Kosei Nenkin Kaikan. Il témoigne de la chimie, de l’inventivité, de la cohésion et de la profondeur émotionnelle d’un collectif de huit musiciens, un niveau que les autres formations de Santana n’atteindront jamais. «Lotus» est également resté le seul album entièrement live de Santana pendant près de deux décennies — et il a fallu presque autant de temps pour qu’il soit distribué sur le marché national.

Issu des bandes originales, pressé par Fidelity Record Pressing, strictement limité à 5 000 exemplaires numérotés et présenté dans un luxueux packaging trifold fidèle à celui de l’édition originale, *Lotus* bénéficie d’un traitement audiophile de référence sur l’édition 3LP de 180 g de Mobile Fidelity. Avec des tonalités riches, une dynamique fluide, une excellente séparation, des scènes sonores profondes et une présence captivante, cette réédition rend hommage à la fois à l’alignement virtuose des musiciens et à la fusion indispensable de jazz influencé par le Latin et l’Afro-Cubain, de rock, de psychédélisme, de R&B et de blues. La complexité des passages spirituels, l’intensité des crescendos, la délicatesse des transitions calmes et l’électricité des solos : tout est restitué avec un équilibre exceptionnel, sans dureté, compression ni pics fatigants qui pourraient détourner l’attention des performances magistrales.

Vous bénéficiez également d’une immersion généreuse dans l’ambiance de la salle et d’une compréhension claire de l’interaction et de l’improvisation, guidées autant par l’instinct que par la structure musicale. Le poids de la basse, l’extension des aigus, l’impact des médiums, la texture et la réverbération des percussions : la version organique de *Lotus* par Mobile Fidelity revendique instantanément le statut de disque de démonstration, illustrant comment un enregistrement live devrait sonner. Et se présenter. Rendant hommage à l’original, cette réédition inclut quatre inserts photo plats double-face et deux affiches dépliantes double-face de 24 x 36 pouces. (À noter : elle ne comprend pas de bande obi ni d’encart rouge japonais.)

Sorti exclusivement au Japon avant de traverser lentement les mers pour arriver aux États-Unis sous forme d’importation coûteuse, «Lotus» est rapidement devenu un sujet brûlant parmi les connaisseurs avertis. Les disquaires branchés avaient du mal à garder l’album en stock. L’Italie, la Nouvelle-Zélande et l’Europe ont eu droit à leurs propres éditions de ce disque très recherché avant la fin de 1975. Les auditeurs américains n’ont pas eu cette chance : pour satisfaire leur envie, ils ont dû se tourner vers les importations.

La même année où les fans américains ont commencé à payer un prix élevé pour découvrir les deux heures de magie de *Lotus*, CBS a sorti *Santana’s Greatest Hits* — une compilation introductive qui s’est vendue à plus de sept millions d’exemplaires. Ce n’est que 17 ans plus tard que *Lotus* est enfin apparu sur le marché américain sous forme d’éditions en double CD et double cassette. L’album n’a été disponible sur vinyle domestique qu’en 2013, dans une version depuis longtemps épuisée.

Outre les magnifiques prouesses instrumentales et l’audace des arrangements, l’importance historique de Lotus n’a fait que croître au fil du temps – et de l’évolution de Santana. Cinq membres de l’octuor du Caravanserai Tour – les percussionnistes/batteurs Michael Shrieve et Jose « Chepito » Areas, le chanteur Leon Thomas, le claviériste Richard Kermode et le bassiste Doug Rauch – ont quitté le groupe à la fin de l’année 1974. En tant que tel, avec l’effort studio de fin 1973 Welcome, Lotus est le point culminant de la période de fusion de Santana au début et au milieu des années 70, avant que la composition ne change et que le groupe ne s’oriente vers un territoire plus expérimental.

Avec sept titres inédits et des interprétations remarquables des quatre premiers albums de Santana et de la collaboration Carlos Santana-John McLaughlin Love Devotion Surrender, Lotus suggère et inspire, rêve et délivre. Bien que le long solo de batterie (« Kyoto ») puisse ne pas correspondre à l’idée que chacun se fait de l’écoute essentielle, Carlos Santana et sa troupe trouvent à chaque instant de nouvelles voies – et jouent comme si leur vie en dépendait.

La passion est palpable sur les titres « Every Step of the Way », « Mantra », « Se a Cabo », « Toussaint L’Overture » et le brûlant « Incident at Neshabur ». Les interprétations des titres plus « grand public » de Santna – « Black Magic Woman », « Oyo Como Va », « Gypsy Queen » – atteignent des niveaux tout aussi élevés. Prenant à cœur la signification du titre de cet ambitieux album, Santana tourne autour des thèmes de la renaissance et se lance dans un univers mystique dans lequel la paix, la sensibilité, la beauté et la créativité illimitée gravitent autour d’un soleil ardent. De la magie noire, en somme.